La Pastorale Pyrénéenne

Le chien de protection : mode d’emploi

Les chiens de protection sont des chiens de dissuasion qui ont pour fonction de protéger les troupeaux. Très actifs, ils sont efficaces face à tout type de prédateurs (chiens divagants, faune sauvage…) ou encore contre le vol.

Historique

L’utilisation du chien de protection, courante en France jusqu’au milieu du XIXème siècle, était tombée en désuétude avec la quasi-disparition des grands prédateurs, à l’exception de certaines vallées des Pyrénées Atlantiques qui n’ont jamais cessé d’utiliser ce chien. Avec le retour du loup dans les Alpes françaises, et le renforcement de la population d’ours dans les Pyrénées et maintenant l’arrivée du loup, de plus en plus d’éleveurs se sont équipés de chiens pour protéger leurs troupeaux

Le travail mené en France dans le cadre de la protection des troupeaux, sur ce type de chien et plus spécifiquement sur le Montagne des Pyrénées (également appelé "Patou"), a pu se faire notamment grâce à René Schmitt de l’ITOVIC (Institut Technique de l’Elevage Ovin et Caprin) dans la Drôme (de 1985 à 1989), et à quelques éleveurs ovins et caprins. Ainsi a-t-on pu créer un noyau d’individus sélectionnés de façon empirique en complément de la population déjà existante dans les Pyrénées Atlantiques. Suite à des premières attaques de loup sur des troupeaux ovins au cours de l’été 1993, le Parc National du Mercantour initie une expérience de mise en place de chiens de protection. Les premiers résultats sont assez concluants. Entre 1994 et 1996, un suivi de l’intégration pastorale des chiens est effectué par Joël Pitt de l’APAP (Association pour la Promotion des Animaux de Protection) et Pascal Wick de l’association ARTUS. Dans les Pyrénées, en dehors de la partie occidentale, le regain de l’utilisation des chiens de protection débute en 1995 sous l’influence de l’association ARTUS. Depuis 1997, différentes associations ont porté l’action « chiens de protection ». Aujourd’hui, La Pastorale Pyrénéenne porte cette action et dispose de 8 techniciens couvrant ainsi l’ensemble du massif pyrénéen. Sur le reste des départements français, ce sont les relais locaux de l’Institut de l’élevage qui porte ces actions d’accompagnement technique des éleveurs dans la mise en place des chiens de protection.

Définition

Le chien de protection a pour fonction de dissuader tout intrus de s’approcher du troupeau. Ce n’est ni un chien de conduite, ni un chien de compagnie et encore moins un chien d’attaque.

C’est un chien qui a pour fonction de rester en permanence avec les animaux (365 jours/365, de jour comme de nuit) et de les protéger. Son rôle est de dissuader tout intrus de s’approcher du troupeau.

Il est attaché et respectueux à l’égard du troupeau, sûr de lui, dissuasif, sans pour cela faire preuve d’agressivité non justifiée, ni même intervenir physiquement en dehors de son périmètre de protection. Parmi les moyens permettant la protection des troupeaux, c’est très certainement le plus actif. Le chien de protection est efficace face à tout type de prédateurs (chiens divagants, faune sauvage (ours, loup, corbeau,…) ou encore contre le vol.

Le Montagne des Pyrénées

Il existe à travers le monde plus de 24 races de protection différentes. Elles ont toutes en commun d’être de grandes tailles, de type molossoïde ou lupo-molossoïde, d’être le plus souvent de couleurs claires et d’être nonchalantes dans les déplacements. Ces caractéristiques leurs permettent d’être bien acceptées par les troupeaux.

Dans les Pyrénées le type de race la plus utilisée est le Montagne des Pyrénées. Plusieurs raisons expliquent cela. En premier lieu, les caractéristiques de ce chien correspondent largement à la définition énoncée plus haut, il est efficace et adapté à nos contextes à forte

fréquentation touristique. La reproduction est plus simple à gérer ; il y a peu de croisements (une base de l’amélioration génétique est le travail en race pure). Enfin, dans la mesure où cette race correspond aux attentes des utilisateurs, il convient de l’utiliser ce qui contribue à la      préservation du patrimoine pyrénéen.

Le chien Montagne des Pyrénées est une race très ancienne dont le berceau se situe sur les deux flancs des Pyrénées Centrales.

Du chiot au chien de protection

Contrairement à une idée longtemps répandue, le comportement de protection des troupeaux n’est pas inné chez le chien.

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De ce fait, l’éleveur joue un grand rôle dans la réussite de la mise place d’un chien de protection. C’est lui qui crée les conditions favorables à l’attachement du chiot Montagne des Pyrénées au troupeau, il est donc l’acteur principal de cette réussite.

Visionnez les reportages FR3 Midi Pyrénées sur la mise en place du chiot réalisés avec les techniciens de la Pastorale Pyrénéenne.

Les conditions d’élevage

Il est indispensable de créer de bonnes conditions d’élevage (de la naissance au sevrage).

Il s’agit notamment de faire naître les chiots Montagne des Pyrénées dans un environnement approprié parmi des animaux, en bergerie. L’élevage de la portée parmi le troupeau va amorcer le développement de relations interspécifiques (entre les deux espèces). Ainsi, les naisseurs ne peuvent être que des éleveurs ovins ou caprins… Il est donc logique que la mère des chiots soit une chienne de protection. Pour en savoir plus.

L'intégration du chiot au troupeau

L’idéal est que la mise en place du chiot dans son troupeau d’accueil s’effectue idéalement à l’âge de 8 semaines. Cette intégration doit être individuelle, à ce moment le chiot est séparé de tout congénère, y compris de sa mère et de sa fratrie. Dans les premières semaines qui suivent son intégration, le chiot Montagne des Pyrénées est exclusivement en contact avec le troupeau, le but est de faire s’accepter deux espèces (chien et herbivore) qui, au départ, ne sont pas faites pour vivre ensemble. Pendant cette période, le propriétaire devra adapter la fréquence des contacts avec son chiot en fonction de l’intégration du chiot avec les brebis et en fonction de son caractère. Il est préférable que l’intégration du chiot ait lieu dans un espace confiné afin de forcer les échanges. La bergerie est donc l’endroit indiqué et, par voie de conséquence, la meilleure période est l’automne/hiver dans la majorité des cas.

Il est indispensable d’effectuer la mise en place du chiot avec des animaux adaptés, c'est-à- dire non agressifs voir curieux (cherchant des interactions positives). Des brebis/chèvres non suitées ou mieux des agnelles/chevrettes de renouvellement correspondent à ce type d’animaux.

Au bout de quelques semaines, le chiot considère son lot d’accueil (et plus largement l’espèce d’accueil) comme ami. L’attachement se manifeste par des comportements très spécifiques : le chiot se déplace tranquillement sans appréhension parmi les animaux sans provoquer d’affolement, il les lèche aux naseaux et à l’anus, il ne dort plus dans sa case-refuge et les animaux cherchent le contact. Il s’agit ensuite d’habituer le reste du troupeau à la présence du chiot en incorporant progressivement de nouveaux animaux.

La première sortie du chiot au pâturage correspond à la période de mise à l’herbe du troupeau. Cette première sortie peut intervenir tôt (4 mois), ce qui présente l’avantage de participer à l’éveil du chiot et à son meilleur équilibre (nouvelles stimulations) mais aussi à renforcer son attachement au troupeau (repère fort). Cliquez ici pour en savoir plus.

La relation à l’homme

Un chien de protection nécessite d’être socialisé à l’humain (pour éviter les incidents liés notamment à la fréquentation touristique) et de respecter son maître (pour une cohabitation agréable). Une socialisation réussie est le résultat d’un subtil dosage entre attachement au troupeau et intérêt pour l’homme.

Bien que le chien de protection ait comme vocation de rester en permanence au troupeau, son éducation demeure indispensable. Celle-ci permet d’asseoir l’autorité du maître sur le chien et le rend plus agréable et facile d’utilisation, sans réduire pour autant son efficacité au troupeau. Elle autorise également une utilisation du chien par d’autres personnes que le propriétaire (ex : berger salarié). Cliquez ici pour en savoir plus.

Les comportements attendus chez le chien de protection adulte

Si rien ne vient perturber le troupeau, l’activité du chien est relativement réduite, il se montre souvent en position de repos, allongé, assoupi. Il vit au rythme de son troupeau sans le déranger. Mais dès que survient un bruit, une odeur ou un mouvement suspect, il retrouve alors sa vigilance, ne laissant rien approcher. Son activité est généralement plus importante pendant la nuit.

Dans la grande majorité des cas, l’intervention du chien de protection est dissuasive et n’intervient qu’à proximité des animaux (en raison du fort attachement qu’il porte au troupeau) ; elle mène rarement à la confrontation physique. Généralement, sa seule présence physique, ses patrouilles, le marquage du territoire, ses aboiements et son interposition suffisent à faire fuir les agresseurs potentiels (chiens divagants, ours, loups, renards, corvidés, sangliers…). Beaucoup d’espèces prédatrices interrompent une séquence de chasse si elles sont dérangées par un      grand chien (Coppinger et Schneider, 1995). Le chien de protection n’affrontera l’intrus que si ce dernier agresse le troupeau ou porte atteinte à sa propre intégrité physique.

Finalement, le comportement du chien de protection à l’approche d’un intrus obéit à une séquence classique : détection – aboiement – interposition – contact (si nécessaire).

Efficacité du chien de protection

L’efficacité du chien de protection sur des chiens divagants a été mise en évidence. Les éleveurs dont les troupeaux étaient victimes de cette prédation ont constaté une baisse significative voire la disparition des attaques après avoir introduit un chien de protection.

Ce résultat s’explique par l’établissement d’une communication intraspécifique entre le chien de protection et les chiens divagants. Le message transmis par le chien de protection est alors suffisamment dissuasif pour faire fuir ces intrus. Cette théorie s’applique également aux loups qui comprennent les codes de communication du chien. Mais leur technique de chasse sophistiquée et mieux organisée peut mettre le chien de protection en échec, surtout lorsqu’il est seul et que les loups attaquent sur plusieurs fronts.

Ainsi, lorsque le troupeau à protéger est potentiellement exposé à des attaques de groupes de chiens divagants ou de meutes de loups, il convient d’utiliser plusieurs chiens de protection. Même pour les petits troupeaux, l’efficacité est renforcée par la présence simultanée de deux chiens.

Face à l’ours, il convient également d’utiliser au moins deux ou trois chiens de protection en raison de la disproportion du rapport de force. Dans ce cas précis, les chiens s’opposent au prédateur en le harcelant et lui tiennent tête par des feintes et des esquives. Ainsi dérangé, l’ours préfèrera chercher une autre source de nourriture.

La ressource fourragère, le mode de conduite du troupeau, sa taille, la pression de prédation ou la topographie, sont autant d’éléments à prendre en compte pour bien calibrer le nombre de chiens nécessaires à la protection du troupeau.

L'utilisation du chien de protection en estive

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Le chien de protection sur troupeau bovin

Si la proportion des prédations sur bovins en France est sans commune mesure avec celle qui s’opère chaque année sur les ovins et les caprins, l’utilisation de chiens de protection sur bovins pourrait représenter une réponse au problème dans certains cas.

Des expériences concluantes, suivies par les techniciens de La Pastorale Pyrénéenne, ont été menées par des éleveurs de plus en plus nombreux à faire appel à nos services.

La technique consiste à effectuer la socialisation inter-espèces sur une espèce « support » (ovine ou caprine) dans une exploitation d’accueil. La deuxième phase revient à priver le chiot de sa relation avec « l’espèce support de socialisation ». Enfin, il s’agit de transférer le jeune chien sur l’exploitation bovine utilisatrice. Cliquez ici pour en savoir plus.